Contexte économique Mars 2023
En France, la croissance économique en trompe l’œil
L’Insee a publié une première estimation du PIB au quatrième trimestre, qui donne un premier bilan de l’activité économique française pour l’année 2022 et une indication pour 2023. Avec 2,6% de croissance en 2022, la France affiche une croissance supérieure à celle de la zone euro. Elle évite même la récession technique puisque le PIB reste positif sur les trois derniers trimestres.La croissance du PIB ralentit néanmoins au quatrième trimestre. Ces évolutions masquent surtout le fait qu’une grande partie de la croissance en 2022 est due au rebond de l’activité de 2021, qui n’est lui-même que le rattrapage post-Covid.(…)
FMI, une série de recommandations contre l’intérêt des travailleurs
Une fois n’est pas coutume, le FMI pointe le niveau du déficit budgétaire et de la dette publique de la France. En particulier, les dépenses déployées pour faire face à la crise inflationniste sont en ligne de mire.Celles-ci seraient trop coûteuses, mal ciblées et créeraient des effets pervers incitant à la consommation d’énergie carbonée. Il propose par conséquent de mettre fin au bouclier tarifaire ainsi qu’aux différents mécanismes de contrôles des prix. Le FMI recommande par ailleurs un «assainissement budgétaire considérable» qu’il estime à 2,7 points de PIB, soit 70 milliards d’euros3! Il ajoute que ce devrait être la priorité politique et économique du pays pour le reste de la décennie. Saluant les réformes de l’assurance chômage et le projet de loi sur les retraites, il espère toutefois des mesures plus drastiques sur les prestations sociales, la santé, ou encore les dépenses des collectivités locales. Le FMI enjoint le gouvernement à poursuivre dans une voie toujours plus brutale bien qu’elle ait démontré son inefficacité sociale et économique : austérité budgétaire, remise en cause de notre modèle social, libéralisation des marchés de l’énergie, des biens et des services (…)
Les prix continuent de flamber
En 2022, l’augmentation des prix à la consommation a atteint un niveau historiquement élevé: l’inflation annuelle atteint 5,2% après 1,6% en 2021 et 0,5% en 2020. La hausse de l’inflation débute par une désorganisation des flux commerciaux liés au fractionnement des chaines de production. Par ailleurs,elle résulte d’une accélération des prix de l’énergie apparue lors de la reprise post-Covid et dont les effets ont été amplifiés par la guerre en Ukraine. On peut ajouter à ces déséquilibres la libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz en Europe,la spéculation sur les matières premières ou encore les abus de position dominante des groupes donneurs d’ordres. Ces facteurs ont contribué à l’envolée des prix dans des secteurs intermédiaires critiques (pénuries énergétiques, agricoles, semi-conducteurs, composants électroniques, pièces détachées, bois, papier, plastique…). Toutefois, l’inflation, prétendument temporaire à l’origine, s’étend désormais à l’ensemble des produits de consommations courantes (alimentation, transport). Ainsi, malgré une baisse des cours des matières premières au second semestre 2022, plusieurs éléments laissent penser que l’inflation persistera en 2023. Tout d’abord, les nouvelles modalités du bouclier tarifaire entérinent une hausse de 15% des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité en ce début d’année. De plus, l’inflation sera tirée par la fin des remises à la pompe. La hausse des prix de l’alimentation devrait également se maintenir à un niveau élevé en 2023. Les négociations entre l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution indiquent une forte augmentation des prix de l’alimentation qui oscilleraient autour de 13-15%. En effet, la guerre en Ukraine a accéléré l’envolée du prix du blé et d’autres produits alimentaires, la Russie et l’Ukraine étant à l’origine d’une part importante des exportations mondiales de produits agricoles. L’Insee prévoit ainsi que l’indice des prix à la consommation se maintienne à un niveau autour de 5-6% jusqu’en juin 2023. (…)
La baisse des salaires réels se poursuivra en 2023
L’économie dominante prétend que l’inflation aurait pour origine un conflit entre pays exportateurs et pays importateurs. Ainsi en France, l’inflation étant d’origine importée, elle implique une perte sèche pour l’économie nationale et un transfert derichesses vers les pays exportateurs d’hydrocarbures. Les entreprises et les ménages français subiraient le même choc, légitimant l’intervention de l’Etat pour se partager équitablement les pertes. Cette vision ignore le conflit entre capital et travail qui se cristallise à travers la hausse des prix et la baisse des salaires réels. Il y aurait, selon ces économistes, des lois naturelles qui régissent la répartition de la valeur ajoutée entre les salaires et les profits. Ainsi, pour la banque de France, l’histoire démontrerait «que le dynamisme des salaires ne compense initialement que partiellement les hausses de l’inflation». Ce n’est qu’à long terme, c’est-à-dire après le pic inflationniste, qu’il y’aurait un rattrapage des salaires sans qu’il y ait besoin d’indexation explicite. L’indexation ne ferait alors que perturber ces lois naturelles, provoquant encore plus d’inflation. Il faudrait donc laisser faire le marché et attendre patiemment que les entreprises qui le peuvent y consentent… Cette vision idyllique du fonctionnement de l’économie a pour principal avantage d’invisibiliser les rapports de force à l’œuvre. Or, il ne faut pas être dupe! Depuis maintenant un an et demi, le patronat s’oppose à l’indexation générale des salaires, craignant que les revendications salariales ne renforcent le monde du travail. Il préconise des revalorisations en dessous de l’inflation et toute une série de dispositifs par lesquels l’Etat ou la sécurité sociale se substituent aux hausses de salaires (Bouclier tarifaire, chèque énergie, prime d’activité, heures supplémentaires défiscalisées et exonérées de cotisations). L’inflation aboutit donc à une baisse inédite du pouvoir d’achat des ménages et des salariés qui n’a absolument rien de naturel. (…) En 2023, l’augmentation des prix de l’énergie continuera de peser sur les coûts de production. Dans l’industrie, la plupart des entreprises vont devoir renégocier leur contrat de fourniture d’électricité et de gaz. Les enquêtes de conjoncture de l’Insee montrent que plus de la moitié d’entre elles (56%) sont particulièrement exposées à la hausse des prix de l’électricité car soit leur contrat arrive à échéance, soit il est indexé sur les prix de marché. La hausse moyenne des prix anticipée par les industriels serait de 123% en 2023 contre 75% en 2022. S’agissant du gaz, l’Insee rapporte que deux tiers des entreprises industrielles seront affectés par la hausse des prix. Néanmoins, la majorité des industriels défendront leurs marges puisque 66% déclarent avoir l’intention d’augmenter leur prix à la suite de la hausse des coûts énergétiques. (…)
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